Par amour du stress by Lupien Sonia

Auteur:Lupien, Sonia [Lupien, Sonia]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Psychologie
Éditeur: Au carré
Publié: 2010-10-31T23:00:00+00:00

Popularité, intimidation et stress

Chez les animaux, les individus dominants d’un groupe n’hésitent jamais à attaquer un subordonné qui voudrait s’approprier le pouvoir. L’attaque peut souvent être très violente et parfois mortelle. Bien sûr, les humains ne sont pas aussi agressifs que les animaux, mais il arrive malheureusement assez souvent que les individus subordonnés – et donc les moins populaires — d’un groupe puissent subir les attaques des dominants du groupe. On parle alors d’intimidation ou de harcèlement (bullying).

Le harcèlement se caractérise par une relation de domination dans laquelle une violence physique ou psychologique est induite par un ou plusieurs agresseurs envers une victime. Trois facteurs majeurs le différencient de la simple dispute entre deux individus : la répétition, l’intentionnalité et un déséquilibre du pouvoir. En milieu scolaire, le harcèlement est caractérisé par l’usage répété d’agressions physiques, de moqueries et d’humiliations envers un enfant ou un adolescent. Des résultats provenant de rapports mondiaux sur la prévalence du harcèlement chez les enfants et les adolescents montrent que le harcèlement survient dans tous les pays du monde et qu’il affecte un individu sur trois au cours d’un seul mois. Effectivement, 11 % des enfants et adolescents subissent un harcèlement très important, comprenant une intimidation et de la violence physique plusieurs fois par mois.

Bien sûr, les chercheurs scientifiques évoluant dans la science du stress se sont rapidement demandé si le harcèlement serait associé à des concentrations élevées d’hormones de stress. À ce jour, seulement trois études ont été effectuées sur ce sujet. La première étude a été effectuée par Dr Hansen et ses collègues du National Institute of Occupational Health au Danemark et portait sur des travailleurs suédois qui subissaient de l’intimidation au travail. Lorsque les chercheurs ont mesuré les niveaux d’hormones de stress chez ces individus, ils ont observé que les gens subissant de l’intimidation au travail présentaient des concentrations anormalement basses de l’hormone de stress cortisol. Ce résultat est très similaire à l’hypoproduction de cortisol observée dans le désordre d’origine post-traumatique et les chercheurs ont suggéré que l’intimidation sur une base régulière puisse mener à une forme de désordre d’origine post-traumatique au même titre que l’exposition à un trauma aigu.

Dans le but de voir si ces résultats seraient aussi observés chez des adolescents subissant de l’intimidation, Dr Kliewer de l’Université Virginia Commonwealth aux États-Unis a mesuré les hormones de stress chez 101 adolescents africains américains âgés de 11 ans. Les résultats ont démontré que les adolescents subissant du harcèlement présentaient des concentrations significativement plus faibles de l’hormone de stress cortisol lorsque comparés aux adolescents ne subissant pas de harcèlement. Ces résultats sont exactement les mêmes que ceux observés chez les adultes.

Toutefois, aucune de ces deux études n’avait vérifié s’il existait des différences de production d’hormones de stress en fonction du sexe de l’individu subissant de l’intimidation. De plus, l’intimidation peut prendre différentes formes et inclure de l’intimidation physique (coup de poing, de pied, gifles, etc.), de l’intimidation verbale (menace verbale, sobriquets désobligeants, mauvaises plaisanteries devant les autres, etc.), et de l’intimidation sociale

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